L’Unicef France a demandé à Oxmo Puccino de composer une chanson pour les 20 ans de la Convention internationale des droits de l’enfant. A travers cette chanson d’un artiste incontournable de la scène rap française, l’Unicef marque sa volonté de fédérer le public, et surtout les jeunes autour de la cause des enfants.
Un objectif pour ce projet ambitieux : que la chanson « Naître adulte », fruit de cette belle collaboration, soit reprise partout le 20 novembre, et particulièrement dans les écoles de France par les principaux concernés : les enfants. Rassembler tous les élèves, collégiens et lycéens autour de la cause des droits de l’enfant, permettra ainsi de marquer cet anniversaire du sceau de la solidarité. Ensemble, chantons pour les droits de l’enfant !
Plongeons dans un monde imaginaire avec Oxmo Puccino. L’artiste engagé aux côtés de l’Unicef a écrit une chanson sur les enfants, à l’occasion des 20 ans de la Convention internationale des droits de l’enfant. « Naître adulte », c’est le titre de ce morceau inédit. Quelques questions à cet artiste qui appelle les enfants à « chanter pour changer le monde ».
Pourquoi t’engages-tu aux côtés de l’Unicef ?
Je préfère laisser l’interprétation libre. Mais j’ai comme une certitude, celle que la réponse se trouve dans la chanson…
A-t-il été difficile pour toi d’écrire cette chanson, qui ne ressemble pas forcément à tes précédents morceaux ?
Elle n’a pas été évidente car je suis aujourd’hui plus concerné par cette période de notre vie où nous-mêmes devenons des parents. C’était un exercice de style, et donc un plaisir.
En interprétant cette chanson, tu penses à ta propre enfance ?
Je pense forcément beaucoup à moi lorsque j’écoute cette chanson. Ça me rappelle cette fragilité et cette impuissance face à ce monde pour lequel même les parents n’étaient pas prêts.
Tu te mets dans la peau de quel enfant lorsque tu interprètes cette chanson ?
Je puise dans la part d’enfant encore présente en moi, celle à laquelle on peut avoir accès par désir de refuge, ou pour rire.
Tu as rencontré des élèves du collège Modigliani à Paris lors de la préparation de cette chanson. En quoi les collégiens t’ont-ils aidé lors de cet atelier d’écriture ?
Je ne savais plus ce qui se passait dans la tête d’un enfant. Pour ne pas écrire dans le noir, j’ai donc dû aller à la pêche aux beaux mots, les plus usités dans le langage enfantin. Cette rencontre m’a aidé en ce sens : comprendre quelles sont leurs préoccupations, leurs craintes, leurs rêves. J’en profite pour les remercier !
Dans ta chanson, tu dis « le poison de ce monde, c’est l’ignorance » ? Tu entends quoi par cette phrase ?
Je répondrais à cette question par cette citation de Balzac qui résume assez bien ce que j’ai voulu signifier. « L’ignorance est la mère de tous les crimes. Un crime est, avant tout, un manque de raisonnement. »
C’est une chanson très imagée et très poétique où tu nous embarques dans un monde imaginaire. Peux-tu nous le faire partager ?
C’est un monde imaginaire qui serait la communion de tous ces endroits secrets où nous retournons de moins en moins à mesure que nous grandissons. C’est un monde qui change selon notre désir, très fragile. On peut observer beaucoup de ces couleurs vives et gaies sur les jouets d’enfants. « Les bougies vertes », je trouvais cela joli sans raison. Puis, lorsque j’ai rencontré cette classe de collégiens, j’ai « reçu » une interprétation de la part des enfants… « Le vert représente l’espoir ». Quant à l’expression « les poupées de caramel », elle représente l’abondance de dont nous sommes friands. Et « la forêt d’émeraudes » représente la végétation luxuriante…qui devient de plus en plus précieuse car rare. C’est un mot qui m’a été « donné » par un jeune élève le jour de la rencontre.
Comment t’es venue cette phrase « pour ça papa m’a souvent dit si tu te couches tard, tu te cultives» ?
Dès que j’ai su lire, mon père m’a acheté des tomes entiers, l’Histoire du monde, les livres de la collection Bibliothèque verte, les livres de Pierre Gripari, « Tout l’univers », « Comment ça marche ? »… Et je les lisais tous ! Ma fille lira peut-être encore plus que moi, c’est tout ce que j’espère pour elle.
« On va chanter pour changer le monde » est le message fort de la chanson et du projet, mais quel avenir vois-tu pour cette chanson ? Et pour les enfants du monde ?
Certaines chansons apportent énormément à ma vie de tous les jours, d’ailleurs c’est à présent le cas de « naître adulte ». Il y a certaines phrases que je vais me répéter pour… m’apaiser. Quant à l’avenir de cette chanson ? Elle ne m’appartient plus car « les enfants ne sont pas vos enfants, ils sont de vous, mais pas à vous… » (Khalil Gibran).